Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 00:27

tristesse-fleur.jpgPour tes vingt ans, juste des fleurs tu espérais
Tu n'as qu'un vase qui vole et finit fracassé...

Pour tes trente ans, c'est juste lui, que tu espères
Mais c'est mensonge, absence, et nuit très solitaire.

Dès lors, chaque bouquet, pour ton anniversaire
N'aura que le parfum
D'un regretté défunt
L’odeur de cimetière.

C'est l'amour profané. A-t-il jamais été,
Sinon qu'à sens unique ? A quoi bon regretter...
Pourtant il était pur, plus doux qu'un ciel d'été
Mais un fou égoïste l'a doucement tué.

Arrive à quarante ans un bilan de souffrance
Et, signal bien connu, tu reperds connaissance...
Or pendant que ton sang sur le sol se répand
Il boit et fait la fête, toujours insouciant.

Cette fois, renaissant de tes si proches cendres
S'impose le constat, la prise de conscience :
Alors, pour commencer à vaincre le fléau
Tu poses enfin des mots sur tous ces petits maux

C'est le film de ta vie qui va se dérouler
Le voilà, bien que long, en piètre résumé :

Tu gardas les enfants en pleurant bien des soirs
Pendant que leur papa fit la tournée des bars
Il rentrait titubant ? Surtout pas de questions
Il voyait face à lui le pire des dragons

Ses compagnons de bar l'ont cru célibataire
Quand ils voient femme enfant, tu deviens la sorcière

Ses repas de copains exigeaient ton absence
Pourquoi te joindrais-tu à des réjouissances ?

Tu gardes porte close un soir de beuveries ?
La baie vitrée cassée te laisse abasourdie.

Tant de fait anormaux que tu veux occulter
Et tu te persuades qu’ils n’ont pas existé
"C’est ma faute, puis c’est rare, il suffit d’oublier"
Mais plus le temps avance, que revient le passé

Un jour tu as pardonné parce qu'il s'était soigné
Mais des années après, alors qu'il s'y remet
Il soutient que malade jamais il n'a été...
Que c'étaient des erreurs, et puis, c'est du passé !

Mais alors... 

Quelle était la raison, la justification
Qui pouvait expliquer ces infâmes abandons ?
Si ce n'était donc pas la maladie de boire,
C'est qu'il t'avait bien prise pour la plus belle poire !

La maladie encore, tu pouvais pardonner
Le désamour, jamais

Mais pourquoi devrait-on accorder un pardon
A celui qui jamais n'en fait réclamation ?

Puis faut se taire quand ça crie
Sinon ça crie
Et comme ça crie encore plus fort
C'est de ta faute

Les paroles cruelles, tu les connais par cœur
Vocable limité, cinglant et destructeur

Combien de nuits de larmes,
Et de froid dans ton âme
Assommée par des mots
Tu feras l’escargot ? 

Il est des mots qui blessent
Pire que des couteaux
Il y a des paroles
Qui déchirent et te sonnent

Tu sais l'appréhension de la porte qui claque
Ou du coup dans le mur, qui tétanise et glace

Tu cèdes ta parole, tes décisions, tes choix :
Et si tu n'y prends garde, viendra le tour des droits

Il faut oublier tes envies et tes désirs
Seuls importeront ceux de l'égoïste sire

S'il regarde des filles sur son ordinateur
Toi enceinte, devras apprécier ton bonheur !

Devant des films en rose, s'il ne te touche pas,
De quoi te plaindrais-tu ? La tristesse ? Pourquoi ?

Car le peu qu'il te donne, tu en as tant besoin
Qu'heureuse tu seras de si peu de câlins

De tes soucis à toi, tu ne peux lui parler
Qui l'eut crû pacifiste, il veut avoir la paix !

Tu protèges l'enfant contre son injustice ?
Il t'accuse aussitôt de déshonneur complice

Quand l'enfant se suicide, suprême absurdité,
Il lui reproche encore de gâcher sa soirée...!

« Tu n'es qu'une emmerdeuse », bien que très endurante
A vouloir essayer de lui dire ta souffrance
Mais c'est parce qu'être heureuse de peu tu as appris
Qu'il a encore la chance de partager ta vie.

N'attends pas de pitié, l'ordure ne connait
Ni regret, compassion, ni culpabilité

Tu donnes donnes donnes, il ne cesse de prendre
Relation ou échange, pour lui n'ont pas de sens.

Tu t'étonnes parfois de n'avoir plus de forces
A toujours faire que ses colères se désamorcent

Car inlassablement, tu cherches à le guérir
"Son enfance était dûre, des méchants l'ont trahi
Je ferai son bonheur, capable je le suis"
Mais pendant que tu l'aides, c'est ta vie qu'il pourrit

Quand tu vois la tendresse de couples autour de toi
Ton cœur se serre fort, tu ne sais pas pourquoi.

Oh tout n'est pas si simple, et si ça se pouvait
Il n'y aurait jamais plus sur terre de femme blessée

La différence avec la violence dans la rue
C'est qu'il ne s'agit pas, ici, d'un inconnu

Qu'une alchimie s'était formée d'attachement
Compliquant la formule de l’amour décevant

Comment peut-on admettre, absurde inéquation
Que la personne qui nous fait mal
Est celle que notre cœur a préféré à d'autres
Insensée dissonance !

Lors, devoir porter plainte contre cet agresseur
C'est se planter soi-même un couteau en plein cœur

D'ailleurs quand t'en vient enfin le courage
C'est l'absence de preuves, la peur des témoignages
Et la loi te répond : "il n'y a pas d'outrage" 

Non tout n'est pas si simple même dans l'évidence
Priver l'enfant d'un père déchire tes entrailles
Quand ce n'est la menace planante de la mort
"S'il t'arrivait un jour de franchir cette porte".

A des coups de semonce sensés sonner le glas
Ton cœur tendre répond : « il y a pire que ça
Il ne m'a pas frappée, pas franchi les limites
Où est l'inacceptable ? » Puis revient l'accalmie.

Femme, tes qualités sont là pour ton malheur :
Ton amour, ton espoir, ont toujours plus d'ampleur

Non, tout n'est pas si simple, il y a eu des beaux jours
Des moments de candeur qu'on souhaiterait toujours
Des journées formidables, périodes de bonheur
Car qui peut faire le pire peut jouer au meilleur
On y croit, on retrouve l'homme qu'on a aimé
On s'y accroche, car voici l'amour tant désiré.

Les enfants qui cimentent toute une construction
Pétrie de notre amour, et qu'on voudrait d'aplomb.

Les sourires nantis des oiseaux de malheur
Qui enfoncent le clou des "je te l'avais dit"
Alors qu'ils n'ont rien dit que remarques assassines
Qui soit-dit en passant, ne donnent qu'une envie :
Celle de leur prouver qu'ils étaient dans l'erreur.
 

La honte de devoir se résoudre à avouer
Que comme tous ces autres on n'y est pas arrivé
Devoir se confronter, dure réalité
Au fait qu'on a passé notre vie à rêver
A vouloir réussir, à idéaliser
Cette union de deux êtres, ô mystère sacré.

Ca recommencera, après bien des années
Alors que tu croyais le passé enterré

Les parents sont sensés leur enfant protéger
Contre les malfaiteurs, les voyous, les dangers.
Mais comment un enfant pourra-t-il se construire
Quand c'est du paternel qu’est arrivé le pire ?

Car, lors que le bonheur semblait enfin trouvé
Il blesse ton enfant sur fond d'ébriété
Et ta fille essayant de l’auto s’échapper
Consciente du danger
Finira aux urgences durement amochée

Cet épisode à une amie je décrivais, elle dit :
"Comment ? De ta cellule, tu as droit à l'ordi ?"
Je ne comprenais pas, alors elle insistait :
"Rassures-moi, tu es en tôle, parce que...tu l'as tué ?!"

De grâce, ne pleurez pas, lorsqu'il est loin de moi
C'est le choix du moins pire : ne pleurez pas pour moi
C'est une bulle d'air, d'oxygène, on respire
Le temps d'une mission, au moins, se reconstruire !

Et là tu réalises, au fil des mots, des rimes
Que du nom du poème, tu es bien la victime
Tu as toujours pensée n’être pas concernée
Car les gestes et les mots ont ceci de sournois
C’est qu’ils ne laissent pas de traces qui se voient
Il eût un autre titre, tu viens de le changer
Ton poème porte enfin
Le nom qui lui revient.

Elle t'était familière, depuis ton plus jeune âge
Tu as grandi au sein des conflits, des naufrages
Tu la connaissais tant, que tu trouvais normal
De devoir, à ton tour, dompter ce même mal.

Elle n’arrive pas qu'aux autres, se cache dans le noir,violence conjugale
Les murs et le secret des foyers sans histoires
Il est si difficile de bien s'en dégager
Qu'on y met une vie, des mois ou des années

Ce poème semblant ne jamais s'arrêter
Est à l'image de la violence conjugale
On la croit bien finie, achevée, terminée
Elle ne s'arrêtera qu'avec un point final.

C'est à toi maintenant de savoir le placer
Pour que ce non-retour ne te soit pas fatal.

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
<br /> <br /> Que de maux sur ces mots.. tour à tour espoir et désespoir.. endurance à la souffrance dont personne ne comprend le sens.. sauf celui qui le vit.<br /> <br /> <br /> Bravo pour ce poème de détresse écrit avec autant de justesse.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> <br /> Merci pour votre fine compréhension, ainsi que pour le lien sur votre blog de poésies.<br /> <br /> <br /> <br />