En rangeant une dernière fois
Ma robe de mariée
Je me suis surprise à pleurer.
Je me suis revue avec toi.
Mais pleuré l'innocence
La naïveté, la confiance
De la jeune fille ignorante
Ne sachant ce qui va l'attendre
Si j'avais su les cris
Les insultes et les pleurs
Si j'avais su que l'amour
N'était pas dans ton coeur...!
Que des années durant je serais repoussée
Forcée de quémander, de tendresse privée
Que la moindre caresse
Serait chez toi une prouesse
Que ça s'rait le désert
En plus de la tristesse
Parce que plus je demande
Et plus tu réprimandes
A-t-on déjà vu un homme digne de ce nom
Répondre à son aimée, après des mois de frustration
Alors que, pauvre nouille,
Elle est confiante d’oser se rapprocher :
"Tu me fais chier,
Tu me casses les ..."
-On va dire "les pieds".- ?!
Même les animaux, si peu évolués,
N'auront jamais entre eux autant de cruauté
Et ça fait mal au plus profond de soi
Comme une brûlure indéfinissable
Ca mine et ça détruit, adieu confiance en soi
On se sent moche, non désirable.
Il fallait donc ne plus rien faire !
Rien demander, rien que se taire
Se contenter de tes rares envies
Parfois plus d'un an ça t'a pris...!
Il fallait quoi ? que je supplie ?
Ca ne suffisait pas.
Que je me résigne ?
Ca ne t'émeuvait pas
Froid tel un chef indien
Insensible, sans cœur,
Tu n'aimais ni mes mains,
Ni mon corps, ni mon coeur
Fallait-il alors quoi ?
Faire voeu d'abstinence ?
Pendant toute ma vie,
Toute mon existence ?!
Ou fallait-il, comme souvent pensé
Mettre fin à mes jours ?
Quand on n'est pas aimé,
A quoi bon exister...
Quand bien même j'aurais
Ainsi mis fin à cette douleur
Tu n'aurais toujours pas eu de pitié
Et toujours pas de coeur
C'eût été un double malheur
Pour nos enfants
Alors j'ai essayé d'inventer le bonheur
En vivant dignement
Mais je me consumais
A force de pleurer
Toi tu me détruisais,
Mais debout je tenais
Comment ? Je ne sais pas !!!
Et HEUREUSEMENT que parfois
On m'a dit des mots tendres !
Sinon je n'avais plus qu'à me pendre
Et alors ? Elle est là ta pitoyable arme ?
La conséquence du fait que toujours tu m'affames ?
Ne crois-tu pas que c'est assez, la privation d'amour
Pour reprocher encore de malheureux mots doux
Que tu as dénichés, pire encore, volés,
Traquant et piratant mon seul jardin secret ?
Et qui m'avaient permis simplement de survivre
Une bouffée d’oxygène dans ce désert aride
Ou vingt années j’ai suffoqué
Me sentir un peu exister !
Si ce n'est à tes yeux…,
mais au moins respirer
Un peu !
En quoi, dis-moi, suis-je coupable ?
Rêver d'amour est-il impardonnable ?